Dieu parle le "nawdm" !

Après 40 ans de travail l'arrivée du Nouveau Testament et des Psaumes chez les Nawdbas.

Mi novembre 2013 marque l'arrivée Nouveau Testament et des Psaumes chez les Nawdbas. Avec des représentants du gouvernement, d'églises et de diverses organisations (SIL, Alliance biblique, Wycliffe), ils se sont rassemblés pour fêter l'événement tant attendu après 40 ans de travail.

« Dieu devient un peu plus concrètement nawda » dit d'emblée un des participants de la fête. Les Nawdba, un peuple du Togo et une partie du Ghana, ont désormais la preuve que Dieu parle leur langue. Depuis quelques mois, ils ont accès au Nouveau Testament et Psaumes en nawdm.
« Dans nos églises, nous entendrons directement la Parole de Dieu dans notre propre langue ! » s'exclame une togolaise nawda. L'habitude dans les églises est de lire la Bible en français, langue officielle du Togo et pourtant « Il y a une large tranche de la population qui ne peut communiquer qu'en nawdm. Elle était laissée en marge de l'adoration de Dieu. Mais, aujourd'hui, elle n'a plus besoin d'intermédiaire pour prier Dieu. » pense le représentant régional du ministre de la culture, Komla Edjidomele.
Gabriel, un des traducteurs du Nouveau Testament complète « Maintenant, la lecture approfondie est possible, ils pourront la lire chez eux. »

Même des non-croyants à la fête

Sur la grande place de la ville de Niamtougou, au lieu du marché dominical, des sons mélodieux attirent les passants.
Tam-tam, dum-dum et flûte, accompagnés par les danseurs aux ''maracas'' attachés aux chevilles, tous sont invités à se joindre au groupe pour fêter l'événement. Des chants en nawdm éclatent aussi sur la place, pour louer Dieu.

Environ 300 personnes remplacent les vendeuses au cuvette sur la tête. Au lieu des étals de céréales en vrac dans des bassines (manioc, riz, sorgho... ), le public s'est installé pour assister à la présentation du Nouveau Testament et des Psaumes et le lancement du dictionnaire. Certains, motivés par leur foi, sont venus pour se réjouir. D'autres, non croyants, animistes ou musulmans sont venus par curiosité. La plupart, ont marché plusieurs kilomètres sur des pistes ensablées pour écouter les diverses allocutions.
Des discours pour honorer le travail réalisé par les linguistes, les traducteurs nawdba... Honorer mais aussi encourager à lire cette Bonne Nouvelle, Jacques Nicole, conseiller en linguistique, rappelle dans son discours que « la Parole de Dieu est une lumière, une bonne pluie et une richesse [...] Lis-la attentivement tous les jours. Si tu fais cela, tu verras ce qu'Il (Dieu) accomplit dans ta vie.» (discours fait en nawdm)

Eviter la disparition de la langue

Outre connaître Dieu, ce programme de traduction est aussi la garantie de la sauvegarde de la langue nawdm, puisqu'il a permis la mise par écrit de celle-ci. « Beaucoup de langues disparaissent au fil du temps parce qu'il n'y a pas de recherches linguistiques » précise Komla Edjidomele, le représentant régional du ministre de la culture.
Abou Jonathan Sama, linguiste togolais à la SIL Togo-Bénin explique : « Si une langue est seulement orale, elle peut se faire avaler, surtout si elle est minoritaire. Une fois écrite, elle est mieux utilisée, on peut élaborer des documents qui participeront au développement dans les domaines de la santé, de l'agriculture, etc »

Quatre décennies de travail

Mettre une langue orale à l'écrit est un travail de titan.
« 4 décennies de travail, avec la première équipe installée en 1976 » rappelle le directeur Sil Togo-Bénin, Lee Higdon. Jacques et Marie-Claire Nicole qui sont les pionniers et ont poursuivi le travail jusqu'en 2013. Entretemps, ils sont rejoints par des suisses, Marcel et Erika Gasser pendant une dizaine d'année. Fin 95, la linguiste française, Hélène Ballarin, se greffe au projet sans interruption. Désormais, les piliers du programme nawdm quittent le Togo. Toutefois, rien n'est terminé. Pierre Baguewabena, le coordinateur nawda du projet a son plan : « Une équipe va sensibiliser les églises pour encourager à utiliser les Écritures traduites. Nous voulons aussi voir comment la population nawda est motivée à utiliser le Nouveau Testament car nous avons en vue la traduction de l'Ancien Testament. » Jacques Nicole, serein conclut « à ce stade, le projet est un enfant, et pour le faire devenir adulte, c'est à eux de le prendre en main ! »

 

Clélia Gauthier (décembre 2013)

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